Certainement la grève la plus marquante des infirmières, elle est encore dans les mémoires. La grève des infirmières qui a eu lieu à l’automne 1988 a vu des hôpitaux et des cliniques paralysés durant près de 7 mois. La grève avait pour but de mettre en avant les conditions de travail et réclamer de meilleurs salaires.
Ce ne sont pas les syndicats qui ont lancé et dirigé la grève mais par une « coordination infirmière« . Elle représentait à l’époque l’ensemble des établissements en grève.
Histoire de la grève de 1988
Le mouvement des infirmières débuta dès mars 1988. Elle proteste alors contre de nouvelles réformes devenues rapidement impopulaires. C’est surtout le décret de décembre 1987 qui fut proposé par la ministre de la Santé de l’époque, Michèle Barzach. Ce décret ouvre le concours d’État au diplôme d’infirmière à toute personne qui fut au chômage durant 5 ans, et cela sans d’études et de qualification préalable.
Le jour du 13 septembre 1988, une coordination infirmière rassemble 500 délégués à Paris. Elle fait voter un programme de revendications pour plus d’embauches, une égalité du statut du secteur public et du secteur privé et enfin une augmentation des salaires. Le 23 septembre qui suit, un premier mot du président de la République François Mitterrand est prononcé lors d’une visite dans un centre hospitalier à Créteil. Il déclare alors que « notre société doit être plus juste pour ceux qui se dévouent sans compter« . Pourtant, il n’y aura pas de consignes de donnés pour débloquer la situation.
Ni bonnes, ni nonnes, ni connes…
Par la suite, le mouvement prendra encore de l’ampleur. Surtout lors de la grande manifestation du 29 septembre 1988 qui réunira 100 000 infirmières. De là viendra le célèbre refrain du mouvement infirmière : « Ni bonnes, ni nonnes, ni connes« . Ce slogan se veut être un symbole, symbole à la reconnaissance et à la professionnalisation du métier face à des responsables politiques qui voient plutôt les qualités de cœur des infirmières, ce qui est pris pour un appel au bénévolat.
Ce n’est que le 25 octobre 1988 que la « coordination » votera dans un amphithéâtre la fin de la grève. Voté à 207 voix contre 111 pour 129 abstentions, il est décidé de mettre fin à la grève mais de continuer le mouvement initié par d’autres formes d’actions. Elle se poursuivra donc de façon sporadique jusqu’à la fin de l’année 1989, pour reprendre en 1991. Les propositions de l’époque, sous le gouvernement de Michel Rocard, pour mettre fin à la grève sont acceptées par les syndicats infirmiers. Seul la CGT (première organisation chez les infirmiers) refusera la fin de la grève. Elle fut également saluée par le syndicat des médecins hospitaliers. On note ainsi une augmentation de salaire et la reconnaissance du métier d’infirmière. Le décret pris par le précédent ministre Michèle Barzach concernant l’ouverture du concours infirmier aux chômeurs de plus de 5 ans sans qualification ou étude est annulé.
L’une des grandes animatrices de ce mouvement infirmier sera Nicole Benevise qui a alors 33 ans et est infirmière en réanimation à Paris. Elle écrira un livre « Journal d’une infirmière » et rejoindra quelques années plus tard le parti politique Génération écologie.
En octobre 1991, une autre grande grève débutera…